Le deuil périnatal concerne les enfants morts entre 22 semaines de grossesse et jusqu’à 27 jours de vie. Mettre au monde un enfant sans vie est bien souvent vécu douloureusement par les parents.
Barbara attendait un petit garçon. Pas vraiment attendu, elle et son compagnon ont finalement choisi de l’accueillir. Des examens médicaux ont révélé de fortes probabilités de trisomie 21. En accord avec son conjoint et les médecins, une interruption médicale de grossesse (IMG) a été décidée.
Barbara raconte que cette IMG s’est bien déroulée » physiquement, tout va bien, mais je suis rongée par la culpabilité et le manque. » La jeune femme a essayé de « passer à autre chose » mais il lui est toujours difficile de parler avec son conjoint de cette « expérience traumatisante« . Elle lui reproche » de ne pas l’avoir soutenue ni aidée à garder ce bébé « .
Aujourd’hui ce petit garçon aurait un an et trois mois. Quand Samuel, 5 ans, son fils aîné lui pose la question : « Il est où le bébé qui était dans ton ventre? », elle nous confie qu’elle n’a pas de réponse et qu’elle pleure. Barbara aimerait pouvoir revenir en arrière et faire cesser cette blessure.
Dans le cadre de la journée nationale du deuil périnatal, Écoute IVG a participé à un colloque national organisé sur ce sujet par l’association Agapa.
Cette journée du 15 octobre fut une journée de sensibilisation au deuil périnatal. Ce traumatisme est peu pris en compte par les pouvoirs publics, les personnels de santé et l’entourage des parents endeuillés. Elle permettra de lancer une réflexion sur le cas très particulier des enfants morts juste avant ou juste après la naissance afin de soutenir les parents et de valoriser des perspectives de soin par l’écoute et l’accompagnement.
Pour la psychologue Françoise Gonnaud, il est important de nommer ces enfants qui auraient dû naître afin de les faire exister et de ne pas les oublier. Pour les parents, la mort se vit souvent comme un échec, un raccourci temporel entre la naissance et la mort. Ce deuil est une » irruption violente de la réalité dans un temps de rêverie, on passe de l’espoir de la vie à son renoncement ». La psychologue insiste : » il est faux de dire que plus vite on pratique l »IMG mieux c’est, car passer d’un projet de vie à un projet de fin de vie est délicat. Il est fondamental de respecter le trajet psychique des parents.
Des femmes, des mères témoignent de l’expérience du vide qu’elles ressentent, de leur solitude, de leur corps meurtri « il ne reste plus rien”, Elles disent » je n’y arriverai pas, je ne surmonterai pas cette perte« . Ces femmes qui n’ont pas le droit de pleurer trop longtemps, sont ébranlées dans l’estime d’elles-mêmes.
Proposer un accompagnement au cours duquel la femme pourra revisiter ce qui s’est passé, accueillir et reconnaître ses émotions, comme la colère et la tristesse, va l’aider à faire le deuil et à se reconstruire.
C’est un chemin qui demande du temps, de la patience, mais qui est possible.